" Lorsque l'auditeur écoute ces chansons, il peut avoir l'impression d'entendre un résumé, ou plutôt une vision d'ensemble de tous les bulletins de nouvelles télévisés qui ont "obscurci" son petit écran depuis toujours ; les chroniques de Desjardins sont sérieuses et noires, et font aussi le tour de la situation mondiale, On pourrait dire que c'est à ce type de discours, ainsi qu'au discours historique, que l'auteur ouvre ses horizons. La vision de Desjardins est bien de son temps, à l'heure de la mondialisation, des communications, de la planète en tant qu'image globale. Elle n'est point limitée à la simple situation du Québec, bien au contraire. " Richard Desjardins a, sans contredit, modifié le paysage de la chanson québécoise. Toutefois, la reconnaissance a mis plusieurs années à se manifester. L'artiste a dû patienter plus de vingt ans pour l'obtenir. En 1990, il est consacré poète, événement tout de même peu commun dans le cas d'un auteur-compositeur-interprète. Afin de mettre en lumière ce phénomène, Carole Couture examine l'itinéraire de la chanson dans le but de mieux situer l'œuvre de Desjardins dans le champ musical actuel. Mais la " considération poétique " qu'obtient Desjardins provient du milieu de la critique artistique et cette perception n'est pas entièrement partagée par les médias ou le grand public. Afin d'expliquer cette tension, l'auteure pose la question suivante : à qui s'adresse donc Desjardins ? Le choix d'un genre littéraire, d'une pochette de disque, d'une langue, l'imaginaire et la trajectoire de l'artiste sont autant d'éléments qui permettent de délimiter son auditoire et d'expliquer pourquoi Desjardins ne sera jamais un " chanteur populaire " ni un " gars ben ordinaire ".