Voici un livre dont le héros est un bidonville. Une décharge, une montagne d'ordures sur laquelle les rebuts de la société urbaine moderne, rejetés à la frange de la grande cité ottomane, tentent de survivre avec pour seul droit la débrouille. Chômeurs, sans-abri, vieillards et exclus de toutes sortes s'efforcent de reconstruire leur vie à partir de cartons et de boîtes de conserve, fouillent les déchets à la recherche d'un peu de nourriture. Le vent mystérieux emporte chaque nuit leurs cabanes et leurs bébés ; la pollution industrielle lentement les défigure ; les politiciens, les patrons, les voyous les exploitent tandis que la colère et la frustration les rongent. Toute tentative pour atteindre à la dignité est condamnée d'avance. Pourtant, ces gens survivent avec grâce, au gré de la rumeur qui règne en maîtresse, ils dansent, ils rient, ils pleurent et, quoi qu'il arrive, ils rêvent. On l'aura compris : avec ces " contes " cruels, scènes de ce qui est devenu un mode de vie pour des millions d'habitants de notre planète, Latife Tekin nous livre une poétique et terrifiante parabole de la condition humaine.

QUELQUES MOTS SUR L'AUTRICE : Latifé Tekin est une écrivaine turque.

D’origine paysanne, elle a vécu l’exode des années 1950-1980, conduisant à la formation de bidonvilles à la périphérie de la plupart des grandes villes turques.

Publiés en 1983 et 1984, "Mort chérie fantasque" et "Berdji Kristine", contes de la montagne d'ordures ont connu en Turquie un succès immédiat.
Dans les romans "Les Leçons de nuit" (1986), "Les Épées de glace" (1989) et "Chère Défunte" (1991), Latifé Tekin semble vouloir se dégager de la marginalité de son écriture.